Initialement décrite en trois sous-espèces, la taxonomie du complexe d’espèces Phytophthora alni est aujourd’hui clairement définie. Phytophthora x alni, l’agent responsable du dépérissement des aulnes en Europe, est un hybride triploïde récemment créé dont les deux espèces parentales sont P. uniformis et P. x multiformis. Phytophthora uniformis est une espèce diploïde introduite en Europe dont l’origine est probablement nord-américaine. Phytophthora x multiformis est une espèce hybride tétraploïde dont l’origine géographique et parentale est inconnue. Ces deux espèces parentales sont peu agressives. Seule P. x alni cause
des dépérissements importants chez les aulnes glutineux en ripisylves. C’est un agent pathogène du sol dont les spores infectent le système racinaire et la base des troncs provoquant des nécroses racinaires et au collet des arbres, une défeuillaison du houppier, une
réduction de la croissance et parfois des mortalités, notamment chez les jeunes aulnes. Chalara fraxinea est l’agent pathogène responsable du dépérissement du frêne commun en Europe, appelé la chalarose. Il forme en été des fructifications blanches sur les
rachis de feuilles de la litière (forme sexuée Hymenoscyphus fraxineus) qui produisent des spores dispersées par le vent. Ces spores infectent et nécrosent les feuilles, tiges et branches
des arbres, et parfois aussi la base du tronc. Les arbres dépérissent et la mortalité est fréquente chez les plus jeunes arbres. C’est une espèce exotique, originaire d’Asie Orientale et
introduite en Europe de l’Est où les premiers dépérissements ont été observés au milieu des années 1990. La maladie s’est ensuite propagée rapidement vers l’ouest pour atteindre la France 10 ans plus tard. Aujourd’hui, seuls les départements du sud sont totalement indemnes. L’objectif global de l’étude est d’estimer l’impact de ces deux maladies émergentes en ripisylves sur Aulne et Frêne, dues à Phytophthora x alni et Chalara fraxinea respectivement,
dans le but de fournir des éléments pour la gestion de ces espèces le long des cours d’eau dans le bassin Rhin-Meuse. L’étude est déclinée en quatre tâches. Ce rapport final dresse un bilan des travaux et analyses entrepris durant le projet.