L'Agence de l’eau Rhin-Meuse (AERM) et la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de Lorraine ont missionné le BRGM, dans le cadre du groupe de travail « Chlorures », afin de réaliser un état des lieux concernant les études et travaux qui ont déjà été effectués sur la problématique du chlorure dans la Moselle et dans sa nappe alluviale.
Pour ce faire, une géodatabase a été créée, dans laquelle ont été bancarisées, voire saisies numériquement, les données quantitatives et qualitatives pertinentes qui ont été recensées sur cette problématique et collectées auprès de divers organismes, exploitants ou collectivités. Les études et cartes pertinentes y ont également été référencées.
A partir de cette synthèse de données et d’informations, des cartes générales de la zone d’étude ont été éditées, en particulier celle des concentrations maximales en chlorure qui ont été observées après la mise en place de la dernière régulation des rejets salins des soudières. Ces cartes synthétiques sur lesquelles figurent les renseignements essentiels inventoriés ont permis de définir les quatre secteurs à enjeux d’Atton et Loisy, d’Arry-la-Lobe, de Moulins-lès-Metz, et de Metz-nord. Il s’agit des secteurs comportant des captages d’AEP en nappe alluviale qui sont influencés par la Moselle et qui ont connu des épisodes de concentrations en chlorure ayant dépassé le seuil de 250 mg/L ou qui sont susceptibles d’en connaître.
Les données numériques ont en outre été valorisées par une première analyse exploratoire faisant ressortir que les concentrations en chlorure mesurées dans les captages en nappe alluviale pouvaient être corrélées à celles dans la rivière, alors qu’elles ne semblaient pas l’être avec l’intensité des prélèvements d’eau des captages. La conservation sous un format numérique, à un pas de temps mensuel, voire hebdomadaire, de davantage de données de prélèvements d’eau permettrait de poursuivre l’analyse des données et la comparaison de paramètres en disposant pour cette dernière tâche des valeurs des rejets salins des soudières sous un format numérique.
En accompagnement du groupe de travail et de son sous-groupe de travail A sur la « Connaissance de la nappe et cartographie de la minéralisation », un bilan sur les possibilités de réutilisation des anciens outils de modélisation qui ont été mis en place au niveau des secteurs à enjeux a été dressé et est détaillé dans le présent rapport.

Les soudières (Solvay et Novacarb) implantées à Dombasle-sur-Meurthe et Laneuveville-devant – Nancy en Lorraine produisent du carbonate et du bicarbonate de sodium et rejettent des chlorures dans la Meurthe. Ces rejets sont régulés par des arrêtés préfectoraux, en cohérence avec la
convention internationale de Bonn (contribution maximale des rejets de plus de 1 kg/s autorisée à la 5 eme station d’Hauconcourt en aval de Metz de 400 mg/l). Une telle régulation ne permet pas de conférer ni à la Meurthe ni à la Moselle à l’aval des rejets des soudières, le statut « d’eau brute destinée à la
consommation humaine », pour lequel la règlementation européenne et nationale (directive européenne 75/440/CEE, décret 89-3) a défini un seuil de 200 mg/l
1. Ces concentrations ont aussi
des effets sur la salinité de la nappe alluviale de la Moselle (BRGM 1974, BRGM 2012). Les collectivités et les industries riveraines de la Moselle ont dû s’adapter de longue date à cette situation pour leur alimentation en eau, avec des investissements coûteux (Ville de Metz 2008,
Zimmermann 2008, Masson 1981).